Au Mexique, les chrétiens évangéliques gagnent du terrain tandis que le nombre de catholiques décline

Les protestants représentent aujourd’hui un dixième de la population mexicaine alors que la majorité catholique est en déclin.
Historiquement, l’Eglise catholique domine le paysage religieux de l’Amérique latine et plus particulièrement du Mexique qui est un pays extrêmement marqué par le catholicisme. Lors du recensement national de la population réalisé tous les 10 ans, les résultats, publiés le 25 janvier dernier, montrent que si aujourd’hui les catholiques sont encore majoritaires, leur déclin s’accélère.
Au début du XXI siècle, en 1900 on recense 99,1 % de la population comme étant catholique. En 1970, ce chiffre descend à 96,2% et à partir de cette période le pourcentage de catholiques va commencer à baisser de manière régulière. Aujourd’hui, près de 50 ans plus tard, ce pourcentage a atteint 77,7%, soit une réduction de presque 20 points de pourcentage.
Rosa A. Duarte de Markham, la coordinatrice du département de traduction biblique de la Coopération missionnaire du Mexique estime que la récente croissance du protestantisme est à la fois liée à l’influence des Américains ainsi qu’aux aspirations de la société mexicaine à défendre un sens de la morale et les valeurs familiales, chères aux églises évangéliques.
« L’impact de la perte des valeurs et de la désintégration de la famille conduit la personne à rechercher les valeurs bibliques exprimées dans les Saintes Écritures. »
Le sociologue des religions et professeur à El Colegio de México, Roberto Blancare, qui s’est confié à ce sujet à Christianity Today, considère que le monopole de la croyance qui a appartenu à l’église catholique pendant de nombreuses années, s’est brisé « après la Seconde Guerre mondiale ».
La raison selon lui est qu’il n’y avait pas assez de prêtres au Mexique pour répondre aux besoins de la population. Un vide pastoral qui a été comblé par des pasteurs protestants qui se sont mobilisés, notamment dans les zones rurales et auprès des indigènes. Un « grand changement » qui n’est pas tant dû aux missionnaires en eux-même d’après lui, mais surtout à la traduction de la Bible en « langue indigène » par des groupes évangéliques.
« Cela a permis à de nombreuses personnes de lire la Bible directement et d’avoir des ministres locaux qui développent, dans leur propre langue, leurs propres services. » affirme le sociologue des religions. Car aujourd’hui, les états qui comptent les plus grandes populations indigènes sont aussi ceux qui ont une population évangélique plus importantes que dans tous les autres états mexicains.
Dans un article publié le 2 février dernier dans Milenio, Roberto Blancare rappelle tout de même que le Mexique « reste le deuxième pays avec le plus grand nombre de catholiques au monde », ce qui n’est pas négligeable. Cependant, il estime que l’Église catholique et la société mexicaine « devront s’habituer » à « vivre avec et respecter une plus grande pluralité religieuse ».
De fait, entre 1970 et 2020, le nombre de Mexicains qui adhèrent à l’une des nombreuses Églises de tradition protestante ou évangélique est en perpétuelle augmentation, passant de 2% à 11, 2% aujourd’hui déclare-t-il.
Roberto Blancare pointe également le fait que ces données nous montrent « que tous ceux qui quittent l’Église catholique ne se convertissent pas au christianisme protestant ou évangélique ». Ainsi, plus de 10 millions de personnes ont déclaré n’avoir aucune religion, ce qui indique pour le sociologue des religions « un processus de sécularisation avancé au Mexique ».
Camille Westphal Perrier